La France est le premier pays européen en nombre de start-up référencées dans le domaine des technologies agricoles et alimentaires en terme de levées de fonds. Une niche, mais aussi un sacré atout pour son rayonnement
Contre le gel, contre les changements climatiques, pour calculer le niveau de stress des plantes… De l’exploitation familiale aux groupes disposant de département recherches et développement, les nouvelles technologies séduisent l’agroalimentaire. Depuis 1999, selon le Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, 212 start-up ont été créées dans un « environnement INRAE » [Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, créé en 2020]. 78 % d’entre elles sont toujours en activité. Ce n’est pas terminé : le programme INRAE Transfert a pour objectif de créer 30 start-up par an. 18 centres de recherches sont implantés sur le territoire.
120 start-up du domaine se sont regroupées dans La Ferme Digitale, une association loi 1901 pour promouvoir l’innovation et le numérique en agriculture. Dans le rapport que l’association a fourni autour de la Frech Agri Tech, « le premier bénéfice de l’innovation agritech sera de contribuer à trouver des solutions face aux enjeux agricoles et alimentaires [et] d’augmenter la capacité de développer de nouvelles activités qui peuvent devenir des domaines d’excellence futurs ». Et ce, au-delà de l’effet de la pandémie qui a agit comme un accélérateur d’initiatives.
Les départements agricoles, comme le Lot-et-Garonne se dotent même de pôles dédiés : l’Agropole, par exemple, qui a fêté ses 30 ans en 2019. L’institution prospère sur le slogan « De l’idée à l’usine ». Le site, à la périphérie d’Agen accueille à la fois une pépinière d’entreprises, un nouvel espace de coworking. des forums communs de recrutement... Et de grands sites de productions (Végécroc, Boncolac, Le Temps des Cerises…). L’Agropole propose surtout une halle high tech dédiée à l’innovation technologique où les start-up mettent au point leurs recettes et leurs process industriels.
Le département s’est également doté d’un autre pôle : Agrinove à Nérac, inauguré en 2019, dont les racines remontent au milieu des années 2000, hébergeant de jeunes pousses dédiées à l’innovation en agroalimentaire. Un concours national permet d’offrir aux porteurs de projets un hébergement dans l’incubateur Agrinove.
Les grands acteurs de l’agroalimentaire s’intéressent également à ces start-up. L’un des objectifs est, par exemple, de se mettre en conformité avec l’évolution des besoins du consommateur friand de détails sur ce qu’il met dans son assiette. Il n’y a qu’à constater le succès de l’application Yuka qui, en un scan donne un avis souvent tranché sur les produits de l’alimentation du quotidien et sur les cosmétiques. Les scandales récurrents du secteur accentuent encore ce besoin grandissant. Revendiquant toujours son indépendance, l’application a contraint les grands de l’agro à revoir leurs étiquettes.
L’agroécologie, la lutte contre la pénibilité du travail agricole, l’innovation, ces succès de start-up sont à pondérer. Ils restent, en effet, une niche réservée aux paysans les plus entreprenants. Souvent ceux pour qui une certaine agilité est vitale. Et comme le notait le journal Les Echos, dans un article du 12 octobre 2022, citant Karine Cailleaux, de La Ferme Digitale, « les temps de retour sur investissements qu’attendent le monde de la finance sont différents des rythmes de l’agriculture, nous sommes plus proches de ceux de la santé ».
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