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Le défi du conditionnement des fruits et légumes dans l’agroalimentaire

Dernière mise à jour : 4 sept. 2023

Comment trouver le juste équilibre entre contraintes économiques, attentes des consommateurs, réglementation et respect de la durabilité environnementale ?

Défis du conditionnement des fruits et légumes

Le conditionnement joue un rôle essentiel dans l’industrie agroalimentaire. Il assure la protection, la qualité et la sécurité des produits alimentaires tout au long de leurs parcours, de la production à la consommation. Ce domaine est confronté à plusieurs défis importants, notamment en matière de durabilité environnementale, de réduction du gaspillage alimentaire, d’innovation et d’adaptation aux besoins des consommateurs. En constante évolution, ces défis sont complexes et imposent aux industriels, entre autres, d’engager d’importants changements, suscitant de nombreux débats.

En 2020, La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) est adoptée en France. Elle vise à réduire le gaspillage des ressources et à favoriser une économie circulaire. Cette loi comprend plusieurs mesures importantes. Son objectif est tout d’abord de mettre en place des filières de responsabilité élargie des producteurs (REP), les obligeant à contribuer financièrement en prenant en charge la gestion des déchets de leurs produits. Dans le même sens, la loi incite les commerçants à proposer des produits en vrac et à mettre en place des systèmes de consigne pour les emballages réutilisables. Les grandes surfaces doivent conclure des conventions pour éviter le gaspillage et instaurer des mesures favorisant la distribution des invendus. Enfin les emballages plastiques à usage unique, en commençant par les produits alimentaires doivent petit à petit faire face à de nouvelles alternatives…

La loi AGEC concerne ainsi l’ensemble de la chaîne alimentaire, y compris les producteurs, les distributeurs, les restaurateurs, les supermarchés et les consommateurs. Son approche de la réduction du gaspillage est globale mais elle est loin d’être appréciée de tous, notamment en ce qui concerne son application et son impact sur les différents acteurs. Certains soutiennent qu’elle est nécessaire pour promouvoir des pratiques plus durables, tandis que d’autres soulignent les défis techniques et les coûts supplémentaires.


Le conditionnement des fruits et légumes, un sujet controversé


Dans son article 77, la loi AGEC expose qu’à compter du 1er janvier 2022, « tout commerce de détail exposant à la vente des fruits et légumes frais non transformés est tenu de les exposer sans conditionnement composé pour tout ou partie de matière plastique. ».

L’utilisation généralisée d’emballages plastiques pour les fruits et légumes est un des principaux sujets de préoccupation de cette loi, en raison de son impact sur l’environnement. Ces emballages plastiques sont excessivement utilisés et génèrent de nombreux déchets, mais ils restent également nécessaires, notamment pour protéger les produits et prolonger leur durée de conservation, sans parler de l’aspect logistique et des coûts.

Le 8 octobre 2021, un décret d’application établi une véritable liste (non exhaustive) autorisant certains fruits et légumes à être vendus sous emballage plastique. En voici un extrait : « Sont exemptés de l'obligation mentionnée (…) Les tomates, les endives, les asperges, les brocolis, les champignons, les pommes de terre, les carottes, les framboises, les fraises, les myrtilles, les mûres, les groseilles, la salade, le raisin, les pêches, les nectarines, et les abricots... ». Cette liste est invalidée par le conseil d’Etat le 9 décembre 2022, en raison de sa longueur excessive.

Avant que cette interdiction ne prenne effet, près de 37% des fruits et légumes en France étaient conditionnés dans du plastique. L’interdiction de ces emballages, qui concernait une trentaine de produits, avait pour objectif, selon le gouvernement, de « réduire plus d’un milliard le nombre d’emballage plastiques superflus chaque année ». Un projet et des objectifs peut-être trop ambitieux dans un premier temps.

En conséquence, le ministère de la Transition Ecologique lance une consultation publique afin de développer un nouveau projet de décret plus restreint concernant l’obligation de vente sans plastique pour les fruits et légumes non transformés et couramment vendus en vrac. Cette décision du Conseil D’Etat à donc l’effet contraire à celui escompté par les parties concernées, car elle entraîne l’annulation de la liste d’exception et ouvre la voie à l’élaboration d’un nouveau cadre réglementaire plus limité. En 2023, les discussions sont toujours en cours.

Le gouvernement réitère ainsi son engagement envers l’objectif de la loi AGEC, qui vise à éliminer autant que possible les emballages plastiques superflus de la vie quotidienne des Français. Toutefois, il est également conscient de l’importance d’accompagner les acteurs économiques dans ce processus.


Vers la fin du plastique jetable ?


Substitut aux emballages plastiques

Le plastique est largement utilisé dans l’industrie de l’emballage en France, il représente 25% du marché, ce qui en fait le deuxième matériau le plus utilisé après le papier. Son utilisation est omniprésente dans notre quotidien et son absence pourrait avoir un impact significatif.

Les emballages plastiques offrent une protection efficace contre les dommages physiques, les contaminations microbiennes, les pertes de nutriments et la déshydratation des fruits et légumes. Ils contribuent à prolonger la durée de conservation des produits et à maintenir entre autres leur fraîcheur… Ils sont également légers et robustes, facilitant la manutention, leur transport et leur stockage. Les coûts logistiques et énergétiques associés sont ainsi réduits. Ils offrent des solutions économiques, en particulier pour les produits à forte demande et à grande échelle de distribution.

Enfin, ces emballages sont flexibles et adaptables en termes de formes et de tailles, colorés et imprimés, transparents… permettant aux consommateurs de voir facilement les produits et facilitant ainsi le choix et l’évaluation de leur qualité.


Le défi 0 plastiques pour les industriels


Si les industriels du secteur agroalimentaire ne sont pas satisfaits des défis auxquels ils sont confrontés en matière d’emballages des fruits et légumes, cela est dû à plusieurs facteurs. La mise en place de solutions d’emballages plus durables entraîne des coûts plus élevés. Cela peut être considéré comme un fardeau financier, surtout si les alternatives durables sont plus onéreuses que les options traditionnelles. L’introduction à de nouvelles technologies d’emballages ou de matériaux alternatifs nécessite des changements significatifs dans les chaînes d’approvisionnement et le processus de fabrication.

Autre point non négligeable, les consommateurs sont de plus en plus conscients de l’impact environnemental et attendent eux-mêmes des solutions durables. Si les entreprises ne parviennent pas à répondre rapidement à ces attentes, elles peuvent être confrontés à des critiques, voire à une baisse de la demande.

Enfin, les réglementations environnementales et les exigences liées à la gestion des déchets mettent une pression supplémentaire sur les industriels. Exigences en constante évolution, coûts de conformité, que de défis à relever !

Problème supplémentaire : les alternatives au plastique sont peu nombreuses et la filière de l’emballage plastique a déjà consenti des efforts considérables dans le développement des circuits de recyclage. Christian Thery, la Président d’Elipso, l’association des entreprises de l’emballage plastique, regrette que ces efforts soient réduits à néant par des annonces sans réel fondement.

De l’autre côté, face à la résistance de l’industrie et les marches arrière de loi AGEC en 2021, l’association Zero Waste France donne la parole aux citoyens à travers une lettre ouverte adressée à l’industrie du plastique. L’objectif étant d’interpeller l’industrie et les autorités publiques afin d’éviter l’adoption d’un décret trop permissif, l’urgence environnementale étant prépondérante.


Des emballages alternatifs pour les fruits et légumes ?


Il est important de noter que malgré le mécontentement d’une grande partie de la filière, de nombreuses entreprises dans l’agroalimentaire investissent massivement la problématique de la durabilité environnementale. Certains adoptent des approches proactives en investissant dans la recherche et le développement de solutions d’emballage plus durables, en collaborant avec des partenaires et en sensibilisant les consommateurs sur les enjeux et les alternatives possibles.

Les filets en coton, en lin ou en mailles sont de bonnes alternatives aux sacs en plastique car ils permettent de transporter et stocker les produits tout en les maintenant bien aérés. Les barquettes en carton offrent une protection légère et sont recyclables. Autre alternative écologique, les emballages en cire d’abeilles, tels que les enveloppes ou les couvercles peuvent tout à fait être moulés autour des produits pour les protéger et les garder frais. Les plateaux en carton présentant les fruits et les légumes en vrac sont une véritable option sans plastique. Enfin les bioplastiques, totalement biodégradables et upcyclés, à base d’amidon ou de canne à sucre constituent une voie d’avenir prometteuse, à condition de lever certains challenges techniques à l’injection et à l’extrusion.

L’industrie du conditionnement alimentaire est en train de vivre sa révolution écologique et industrielle et elle innove chaque jour pour réduire son impact environnemental tout en garantissant la sécurité alimentaire. Mais qui dit nouveaux matériaux dit nouveaux outils industriels, adaptation des machines, refonte des process qualité, formation des Hommes… Personne ne conteste l’urgence environnementale mais « Rome ne s’est pas faite en un jour ». Contrainte supplémentaire : le consommateur final ne paiera pas plus cher. À vouloir aller plus vite que la musique (plus vite que nos voisins européens et plus vite que la R&D), on prend le risque de casser la production et une filière florissante. Le manque de lisibilité de la parole publique n’arrange pas les choses et n’aide pas vraiment les industriels à se positionner en la matière. Il faudra bien choisir dans quel panier mettre ses œufs, que celui-ci soit en carton ou en bioplastique…

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