Chômage technique pour Cofigeo (William Saurin, Zapetti...), baisse envisagée par l’Insee de l’ensemble de la production industrielle, hausse des défaillances d’entreprises qui explose en 2021, comment le secteur de l’agroalimentaire va-t-il rebondir ?
Le secteur de l’agroalimentaire subit les effets des crises convergentes de plein fouet. Augmentation des prix de l’énergie quand il faut maintenir une chaîne du froid ou faire fonctionner ses fours, viandes à des tarifs prohibitifs alors qu’elles sont de la matière première pour nombre d’industries, augmentation du blé, du beurre... Les chefs d’entreprises tirent la langue. Les plus petits, parmi eux les boulangers, sont nombreux à se poser la question de la fermeture pure et simple. D’autres, plus grandes, comme Cofigeo, ont, dès début janvier, eu recours au chômage technique de 800 salariés sur 1200.
Les coûts explosent. Dans le détail, cela donne 29 % d’augmentation du coût des matières premières agricoles, 26 % d’augmentation du coût de l’emballage et 57 % pour l’énergie, selon l’Ania Association nationale des industries alimentaires. Ce syndicat représente 16 436 entreprises agroalimentaires. Dont 98 % de PME. L’Insee annonce, pour sa part, une baisse de 1,5 % de l’ensemble de la production industrielle, mise à mal par ces augmentations.
Inflation alimentaire
L’industrie agroalimentaire est sous les feux de la rampe. « La France est le pays où l’inflation alimentaire est la moins importante », souligne Jean-Philippe André, son président. Un déséquilibre avec les voisins européens qui pèse aux professionnels. L’inflation alimentaire, les prix payés par le consommateurs à la fin de la chaîne, ont en effet augmenté de 8,4 % en France, contre 15,5 % en Allemagne, 13,8 % en Espagne et 10,7 % en Italie. « Notre taux de marge a diminué de 14 % entre 2019 et 2022 », le ramenant à son taux le plus bas depuis 2012. Le président dénonce un match déséquilibré avec la grande distribution. Et réclame, en parallèle, une renégociation de la loi Egalim 2.
Pour faire ses demandes, le syndicat aligne tout de même un certain nombre d’arguments. Notamment de dynamiques d’emploi. En effet, l’agroalimentaire pèse près d’un demi million de salariés. Mais concentre des métiers en tension.
Loin d’attendre les effets d’un plan, ces entreprises se montrent pro-actives. Dans des structures telles que l’Agropole, dans le Lot-et-Garonne, une importante technopole dédiée à l’agro, les chefs d’entreprise, regroupés en association proposent régulièrement des job dating avec les partenaires locaux (Pôle Emploi, Mission locale, collectivités territoriales…). En partant, évidemment, des besoins des entreprises.
Si ces jobdating concernent beaucoup d’emplois de manutention, les besoins en cadres, dans ce secteur d’activité ne sont pas à négliger. En effet, 4000 recrutements de cadres sont prévus au niveau national.
Plan de soutien
Le secteur a donc des atouts. D’ailleurs, dans le magazine spécialisé Usine Nouvelle, en date du 11 janvier dernier, un plan de soutien de Roland Lescure, ministre de l’industrie, va être présenté, en direction de l’agroalimentaire, d’ici au mois de février. L’idée principale serait de « profiter de la crise afin d’accélérer la transition écologique et accélérer le montant des aides à la décarbonation », selon le ministère.
Mais le secteur ne compte pas uniquement sur le soutien ministériel. L’Ania a déjà mis en place un plan d’action. Qui passe par l’organisation de semaines de l’emploi,(qui a eu lieu du 14 au 18 novembre dernier), ou encore des plans d’innovation comme « Le grand défi des ferments du futurs », un programme Coordonné par INRAE et l’Ania, financé à hauteur de 48,3 M€ par France 2030 et lancé officiellement en toute fin d’année. Un plan qui vise à comprendre et développer les ferments en vue, là encore de faire un pas de plus vers l’alimentation du futur en « végétalisant notre alimentation ».
Si l’incertitude prime et que bien malin sera celui qui saura faire des prévisions fiables, la Banque de France envisage tout de même une reprise de l’expansion économique en 2024 et surtout 2025. Reprise qui inclut le secteur agroalimentaire.
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